saga 05

Publié le par gerard

Kheops saga

 

 

 

 

Introduction :

 

Kheops est notre bateau. Un fier voilier de 15 m.

C’est notre histoire en sa compagnie que je vais te narrer.

Depuis son achat à Port St Louis du Rhône, sa renaissance après des mois de travail, les aventures que nous avons vécues à son bord, les navigations, le mauvais temps, le grand beau temps, nos joies, nos peines, nos craintes aussi.

Tu nous suivras jours après jours.

Kheops te mènera à travers la Méditerranée, de la côte d’azur à la Tunisie,

en passant par la Corse, la Sardaigne, la Sicile, Malte. Il te fera participer aux escales, les inoubliables et les désagréables.

 

Et plus tard nous irons vers d’autres mers, vers d’autres océans, d’autres paysages. Des îles exotiques aux noms de rêve.

 

Embarque garçon ! (Ou fille, ou les deux) et viens avec nous !

 

Bye Bye !

Nous sommes partis le 21 avril dernier de Sanary, arrivés à Monastir le 25 mai.

Nous avons pris notre temps, et le mauvais temps nous a souvent obligés à nous abriter, parfois jusqu’à une semaine.

 

Nous voici à Monastir, marina et ville que nous connaissons bien.

Novembre, j’écris ces lignes au début de l’hiver, nous sommes encore en shorts et Tsitsihar, d’accord les nuits sont fraîches, le vent du nord s’est mis à souffler, mais le soleil tunisien nous réchauffe pendant la journée.

Les améliorations de Kheops ont repris, et nous attendons le feu vert du chantier pour mettre le bateau à terre.

Je reprends ces lignes que j’ai écrites pendant cette navigation estivale, je revis les découvertes de ces îles méditerranéennes, et la découverte de notre bateau.

Au printemps prochain nous repartirons, j’espère avec des hôtes, nous retournerons sans doute à Malte et en Sicile, mieux découvrir cette très belle île. Peut être, si des amis en expriment le désir, que nous irons faire une virée vers la Grèce si Dieu le veut… «  Amdoullah !! »

 

Alors bonne lecture, voyagez avec vos chers amis lointains, et rêvez à vos futures nav.

 

 

Hardi les gars !

 

La traversée du canal de Sardaigne c'est super bien passée. Moins de 20 h pour + de 130 milles

(Petit lexique: 1 mille marin = 1852 m – le mille est une unité de distance –

130 m = 250 Km env. – le mille (Ne pas confondre avec le mile Anglais, unité terrestre de 1609 m), le mille donc est la première mesure universelle de l'humanité. Calculé par des mathématiciens, utilisé par les marins de tous pays

pour naviguer – Il correspond à 1 minute d'angle du Méridien terrestre.

Le noeud est une unité de vitesse = 1852 m a l'heure. (10 n = 18,520 Km/h)

Les marins ne sont pas des élitistes, ces mesures sont celles qu'on utilise sur les cartes, impossible de naviguer sans…. Voilà tu en sais autant que moi!)

 

Sous Génois seul Kheops a un comportement très sain.(Génois, grand foc, voile qui est en avant du mat)

 

J’étais quand même un peu inquiet, n'ayant jamais affronté de telles conditions avec ce bateau que nous découvrons.

 

Afin de bénéficier d’une bonne couverture météo, j'avais demandé à Sandra, une amie, férue de voile, d'analyser la météo sur Internet, et de me téléphoner les résultats.

Nous sommes à l'abri sous le cap Carbonara, la pointe sud de la Sardaigne, le vent souffle à + de 30 -35 n NW. (55 à 70 Km/h, venant du Nord Ouest)

 

Stand-by, car nous ne voulons  pas partir dans ces conditions. La prudence nous commande d’attendre.

Après des coups de fils et une analyse visuelle, voyant que le vent tombe doucement, vers les 15 h.

Nous sommes partis avec 20 à 30 n d'ouest, très vite la mer était bien formée, et des trains de vagues de 4 ou 5 m nous faisaient souvent partir en embardées. Le pilote était parfois dépassé. Je me sens obligé de barrer. Il fait un beau soleil et c'est très agréable. Comme le bateau file bien, des groupes de dauphins nous accompagnent jusqu'à la nuit. Cela fait très longtemps que ça ne nous est pas arrivé.

 

7 - 8 noeuds sur le fond j'ai réglé mon génois pour que le pilote puisse barrer correctement, ce qu'il fait très bien le reste du temps.

 

La nuit est glaciale...  le vent bien tombé, comme prévu, nous avons sorti la veste quart et les polaires... le vent était glacé, parfois les embruns giclent. On essaye d’éviter les gerbes d’eau, pourtant plus chaude que l’air ambiant.

 

 Heureusement la lune presque pleine nous éclaire à giorno. Nous ne dormons quasiment pas, nous croisons quelques cargos.

 

J’ai choisi l’heure de départ, afin d’arriver au rail des cargos qui longe le nord de la Tunisie après le lever du jour, car il y a un trafic intense, et de nuit, on court le risque qu’ils ne nous voient pas. Et la différence de vitesse entre ces mastodontes et nous, fait que nous sommes en grand danger d’être abordé, voire même coulé avec toutes les conséquence que tu imagines.

 

J'ai bien réussi mon coup,  vers les 5.30 nous y sommes. Des cargos dans tous les sens...

Nous modifions notre route, cap à l’Est, les feux d’un cargo qui vient vers nous, nous le laissons passer sur notre tribord, il est pas loin, 500 M à peine. Majestueux, immense, gris, il défile devant nos yeux. Je pense à ses marins de quart, sur la passerelle, ils doivent nous observer, jumelles sur les yeux.

Cap sur sa poupe, il faut maintenant passer le rail, un autre navire suit à quelques milles, il faut qu’il passe derrière nous. Maintenant, nous, nous dirigeons vers le rail descendant, ceux qui vont vers Suez.

Mais là, pas de problème, pas de bateau proche, on vise le cap Farina. On est quasiment arrivé. 

 

Vers 9.00 on double le cap Farina, l'entrée du golfe de Tunis. Le golfe de Tunis est très grand….nous avons mal évalué le temps qu’il nous faut pour rejoindre le port. On longe la côte, on se trompe légèrement, confondant un promontoire, avec un autre. La dernière fois que nous sommes passé ici, c’était en ferry.

Et l’impression n’est pas du tout la même. C’est beaucoup rapide.

Il fait très chaud, le soleil de la Tunisie tape dur. Nous sommes en shorts et Tshirts. Il n’y à plus un brin d’air, la mer est un miroir.

Midi trente, on a faim, n’ayant pas beaucoup mangé depuis hier. Nous laissons le bateau dériver, nous déjeunons d’un repas chaud.

Le soleil nous endort, on somnole ballottés par la mer. Une petite sieste réparatrice est bienvenue.

 

14 H 30… nous sommes devant Sidi Bou Saïd.  L’accueil est très chaleureux. Les autorités beaucoup moins tatillonnes qu'avant. Amarré le long du quai d’accueil, nous pouvons ranger un peu le bateau, le rincer pour enlever le sel qui règne partout sur le pont.

 

Apres un bon repas de poissons à 15 €  dans le club nautique local, la nuit est profonde et réparatrice.

 

Le lendemain, Samedi, nous allons au Carrefour local (un vrai). La batterie du guindeau m'a lâché, il m'en fallait une autre d'où l'excuse. + Un gros avitaillement en marchandises qu'on aura du mal à trouver ailleurs en Tunisie. Le magasin dénote dans ce pays? C’est un vrai hyper à la française, avec pc, radio- Hi fi- matos de tout poil. Et bouffe. (Et même du  porc et alcool), une galerie marchande avec des snacks, et des boutiques de luxe (cartier, rolex cerutti etc.,) c’en est même indécent vu le niveau de vie de la majorité de la population.

 

Il est à 15 MN de SBS (sidi) en taxi 2,5 DNT (dinars Tunisien) = 1,5 € c'est pratique…

 

Dimanche gros coup de vent de SE, pas question de partir. Nos tanks à fioul

sont vides... les jauges en rideaux, ne connaissant pas la consommation exacte, il nous faut du fuel (Nous avions fait le plein à la Napoule (360 L = 410€. les tanks contiennent 500 l)

Mais la pompe de SBS en plein vent est remuée par des vagues, des creux de I m  Pas question d'y aller. Risque d’abîmer kheops.

Lundi c'est brumeux, on part le plein d'un tank fait (200 L = 100 dnt = 65 €!!! ça fait rêver) vers Monastir qu'on atteindra Mercredi

 

Après une nuit agitée par un bon coup de vent de N. qui nous oblige à changer de mouillage en pleine nuit. Vers les 22 h en plein premier sommeil, les ruades du bateau à l’ancre nous ont réveillés.  J’avais un peu prévu le coup, pris des repères, étudié la carte, au cas ou… (Le coup de vent de NW. était annoncé) Mais à 18 h lorsqu’on a mouillé, un fort vent du sud souffle dans notre nez. J’ai donc choisi un mouillage abrité de cette mer. Pensant , vu l’orientation de la cote, que l’on serait aussi à l’abri d’un coup de NW.)

Que nenni…. On décide de changer de mouillage.  Et d’aller au sud de Kelibia. (Nous sommes juste au nord) soit 5 nautiques + loin.

Moteur, feux de route, projo de pont, on s’équipe, et on y va.

Il y a des creux de 1 m à I.5 m. Le vent souffle à + de 30 n, Mireille à l’avant, actionne  le guindeau, moi j’essaie de tenir le bateau dans l’axe a l’aide du  moteur c’est rock’n’roll….

 

10 mn plus tard on gagne doucement les eaux libres.

Les feux de dizaines de bateaux de pêche nous encerclent, les yeux sur le sondeur, nous  descendons vers le sud, sans voiles, poussés par les rafales de vent. Kelibia est une grande ville, au sud du cap Bon, Il y a un immense port de pêche. Je me guide sur les lumières de la ville, le phare qui se trouve sur l’immense Ribat qui domine la ville, et surtout, je suis les pêcheurs qui regagnent le port à cause coup de vent, ils me montrent la route.

J’ai prévu de mouiller au sud du port, au plus près de la digue et de la plage pour ne pas avoir de mer. Nous avançons doucement, les gros chalutiers  nous passent tout prés pour embouquer l’entrée du port. Nous apercevons enfin les feux d’entrée, nous continuons doucement vers la plage, les énormes chalutiers,  passent maintenant derrière nous. Devant nous les lumières de la ville. Elles gênent sérieusement notre visibilité.

 

Mireille est à l’étrave, l’ancre pendante, elle scrute la mer, le projecteur à la main, en cherchant les obstacles, je sais que La cote est saine, sablonneuse, mais nous avons peur des filets de pêche, le vent souffle maintenant  en rafales à  + 40 n en plein dans le nez, il est plein ouest, je suis obligé d’accélérer un peu, sinon le bateau se met en travers.

 

 -10 m au sondeur, je crie à Mi. Pour la rassurer,

- 7 m….  le vent très fort rend le dialogue délicat, dialogue de sourd.

- Mi, a 5 m on mouille… je hurle pour qu’elle m’entende, et qu’elle se prépare, car il faut lâcher la chaîne rapidement, sinon, vu les rafales, on reculera trop, et on risque de se retrouver devant l’entrée du port, et il faudra recommencer.

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->6 m, ça monte prêt ????

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->5 m Mouille

La chaîne de 12 gicle rapidement sur le barbotin dans un grand rahaaaaa !

Kheops se met complètement en  en travers, il chasse vite, très vite, pousse par le vent.

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->20 m crie Mimi.

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->Stop !!!

Le bateau se redresse net, l’ancre a croché. Je suis à l’avant avec Mi,

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->Lâche tout doucement, on met 40 m.

Une fois le bateau stabilisé, avec 40 m, le pied sur la chaîne, j’essaie de sentir si  l’ancre  rague, ou chasse….

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->c’est bon, elle tient, pas de problème, on va pouvoir dormir tranquille, de toute façon si on chasse, on a la place… Jusqu’à la Sicile !!!!

Je m’emploie à brêler un bout sur la chaîne, et  le tourne sur les taquets, puis on relâche de la chaîne, la chaîne pendant sur 3 ou 4 m devant l’étrave, de cette façon ce n’est plus le guindeau qui supporte tous les efforts, mais les 2 taquets.

Malgré tout ça, sous l’effet des rafales de vent le bateau fait l’essuie glace, il se met parfois complètement en travers, d’un bord sur l’autre.

Les pêcheurs, continuent à nous passer sur l’arrière, on est bien dégagé de l’accès au port, feux de mouillage visibles, il est Minuit…. Dodo.

Nous ne sommes pas encore endormis, Nous entendons parler fort dehors ??? Kekece ?

Debout devant la descente, les fesses a l’air, je vois un énorme chalutier, éclairé à giorno  qui nous frôle, tous les matelots regardent en notre direction, ils nous hèlent.

 

 

J’enfile vite un short, sort dans le cockpit.

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->Français ?

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->Wouhai ! Français, qu’est ce qu’il y a ?

<!--[if !supportLists]-->-          <!--[endif]-->Allume ta VHF sur le 16, il y a la Marine nationale qui t’appelle. !!

Il nous rase, au risque de nous aborder, après les avoir remerciés, je plonge sur ma VHF.

Et j’entends

- Ici marine Nationale, j’appelle le voilier qui est mouillé à l’entre du port….

Un dialogue se poursuit sur le 6, il veulent tout savoir sur nous, d’où on vient, ou on va, Kekon fait là !!!! Tout ça pour nous souhaiter une bonne nuit.

Nuit qui fut sereine sous les rafales persistantes, et les craquements divers. Au petit jour en pleine forme, nous levons l’ancre vers le sud, en longeant la côte au plus près, pour éviter les vagues, car le vent n’a pas molli. Sous génois seul, on file vers Hammamet à 6 – 7 n, sous un beau soleil.

 

A 16 h nous mouillons devant la Médina de Hammamet, abrités dans une anse de sable profonde. Repos

Demain on sera à Monastir, pour le moment baignade et farniente.

 

Monastir.... on retrouve les copains, on est chez nous....

 

A 14.30, nous nous amarrons devant les pompes à carburant, à l’entrée de cap Marina.

Philippe, notre vieil ami d’« Aquarel », nous attend sur le quai pour prendre nos amarres.

Retrouvailles avec Annick et Philippe que l’on a connu il y a 10 aux Canaries

On décompresse, enfin on y est, et le bateau s’est bien comporté….

 

Nous sommes le mercredi 25 Mai. Cela fait plus de un mois que nous sommes partis de Sanary.

Publié dans kheops

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