07 K en Sicile

Publié le par KHEOPS

 

Porto Polo au Sud Est de la Sicile, on est toujours en territoires connus, les bonnes escales sont  renouvelées. Nous sommes en panne de pain! Allons à terre, dans le port de pêche. Le premier magasin d'alimentation est à 2 Km de là au village. Nous sollicitons un Sicilien sympa qui nous mène volontiers au supermercato "Sisa" du village. Nos emplettes à la main on s'arrête pour le traditionnel café. On passe devant l'église, bondée en ce dimanche, les ouailles chantent en chœur de très beaux cantiques. Ces mélodies nous suivent au long du chemin du retour, mais là aucun pèlerin ne stoppe avec son carrosse. On se tape le chemin à pied avec nos provisions. Heureusement Mi, n'à plus mal, miraculeusement à son genou!!!

 

Miraculeusement aussi Kéké c'est mis dans de meilleures dispositions, le moteur tourne comme une horloge Suisse. En route pour la dernière étape, Syracuse est à 25 milles, et avec ce beau temps c'est une belle promenade.

 

Le soleil nous écrase, dans la lagune de Syracuse, il fait une chaleur énorme, pas un brin d'air à cette heure de la matinée. J'espère que le thermique va enfin se lever sous peu. Mi et moi transpirons à grosse gouttes chaque fois qu'on s'active.

 

De très nombreux voiliers reposent, au mouillage autour de nous, la saison bat son plein. Cette lagune est un mouillage réputé, car très sur. Nous sommes quasiment dans un lac de forme ovale. L'île d'Ortigia ferme complètement l'accès à la mer laissant seulement une passe de 500 m pour accéder au  large. Le bassin fait environ 2 milles sur 1.  Nous sommes sur 7 m de fond de vase. 40 m de chaîne. Le vent  peut souffler.

 

En face de nous, la vieille ville de Syracuse Ortigia, avec en son sommet, sa cathédrale qui domine toute les maisons blotties sous elles. Le grand quai rectiligne, avec sa magnifique rangée de  Ficus Binjaminas immenses taillés en brosse, (chez nous ils sont dans des pots)

Avec quelques bateaux amarrés cul à quai.

 

Nous avons retrouvé quelques copains de Monastir, qui sont la à lézarder au soleil. Malgré que l'eau de la lagune ne soit  pas des plus claire on s'y rafraîchi volontiers. 26° c'est nettement  moins que les 40 extérieurs.

 

Nous partons a terre avec Kéké, tout doucement, nous nous rendons vers un chantier qui est au bord de la lagune, dans l'estuaire d'une petite rivière. C'est un grand parc à bateaux, ou sont alignés des dizaines de petits bateaux avec des moteurs HB. J'ai besoin d'un mécano. Il nous faut une nouvelle hélice, celle de Kéké a encore rendu l'âme. Elles sont d'une fragilité énervante, depuis que nous avons ce moteur, j'en suis à la troisième. Une par an!!! Il lui faut aussi régler le mélange de richesse du carburateur, qui me pause toujours problème, depuis Monastir.

 

Quand j'ai fait la révision de ce moteur au mois d'avril, j'y ai mis de l'essence que m'a donnée un ami, car il n'en avait plus l'usage. J'ai fait quelques tours avec Kéké, tout allait bien, il marchait parfaitement. Puis beaucoup d'occupations nous ont empêchés d'utiliser Kéké régulièrement. Cette essence c'est évaporé dans le carburateur. Ce qui normalement n'est pas un problème, car c'est du super sans plomb. (C'est un 4 temps, donc pas besoin d'huile, j'ai privilégié ce type de moteur par écologie)

 

Un bon mois plus tard j'ai voulu m'en servir pour aller chercher 2 jerricans de fioul à la pompe (c'est moins fatiguant qu'à pied). Impossible de démarrer, pourtant, c'est habituellement un moteur qui pête facilement. Le lendemain, nous avons remonté Kéké sur le pont de Kheops. Et j'ai démonté totalement le carburateur. Dans la cuve, j'y ai trouvé un gros dépôt cristallisé qui bouchait les gicleurs. J'ai tout bien nettoyé, remonté, mais je n'ai pas retrouvé les réglages… Depuis il joue l'Arlésienne!!! Malgré un mécano local qui dit me l'avoir réglé!

Voilà pourquoi Kéké est muet!!!

 

C'est ce qui a causé la casse de l'hélice, obligé de faire tourner le moteur a fond, au point mort, et d'embrayer dans la foulée… l'hélice n'a pas aimé!!! Elle est quand même très fragile !!!

 

Donc au mécano spécialisé. L'hélice, dans 3 jours elle arrive de Belgique!!! Il n'y en a pas en Italie!!!

 

Nous sommes très handicapés, avec cette annexe boiteuse. Kéké arrive malgré tout à nous trimbaler, mais à l'allure d'un limaçon… Des qu'on accélère un peu, le moteur s'emballe. Nous amenons donc Kheops, au plus près de notre point de débarquement. Puis nous mouillons l'ancre, et descendons à terre. Doucement, tout doucement. Vivement jeudi.

 

Il faut qu'on avance, il faut que l'on soit prêt mercredi prochain. Nous menons tous les draps à la laverie. Nous prenons la grosse machine de 10 kg car on en a un gros paquet.

 

En plus "Gégène" notre groupe électrogène fait aussi des siennes. Je ne raconte pas tout, car nous rentrons dans des explications techniques. Comme il ne recharge pas sa batterie, et qu'elle c'est totalement vidée, il a fallut que j'en rachète une autre afin de pouvoir le démarrer.

(J'ai même acquis un petit chargeur de batteries afin de recharger pendant que le groupe tourne).Je passe sur les durits percés, qu'il m'a fallut changer, a genou, coincé par la barre. L'électrovanne, qui ouvre ou ferme l'arrivé du fioul se met en rideau!!! Et cerise sur le bouquet, la batterie neuve nous a lâchée.  Heureusement, tout le temps de la croisière, il a fonctionné normalement.

 

Les poissons sauteurs: Depuis que nous sommes mouillés dans la lagune, nous bénéficions d'un temps particulièrement chaud et stable. Dans la journée un petit thermique de 10 15 n, qui nous rend la chaleur acceptable, surtout à l'intérieur, ou nous faisons un courant d'air forcé, grâce à notre "Windscope" (Sorte de petit spi, que l'on pend au dessus d'un capot, et rentre à l'intérieur, et nous capte la brise, nous faisant une ventilation forcée.)

 

Les soirées sont très paisibles, après dîner, nous restons, profitant de la fraîcheur relative.  Nous sommes sus comme des vers, le moindre vêtement tien trop chaud. Au loin les bruit de la ville, quelques accord de guitare électrique façon "Santana" venant d'un établissement voisin. Le cri d'un "Paon" mâle qui cherche sa belle en l'appellant  "Raaoouuul! Raaoouul" et puis il y a les poissons sauteurs!!! C'est le seul site ou l'on voit ça, a longueur de temps, des dizaines de poissons d'une taille respectables, (Certains font 50 cm) s'amusent, je dit bien s'amusent, car il n'y à pas d'autre explication. Donc s'amusent à faire de bonds hors de l'eau, de plusieurs mètres, et retombent à plat, dans des grands splachs. Tout autour des bateaux, ça saute sans arrêt, certains se prennent pour des galets de ricochets, et font plusieurs sauts à la suite…splach, splach, splach!!!! C'est surprenant, et amusant.

 

On observe ces monstres, raides comme des piquets, qui font leurs bonds, sans doute en rigolant, "Na, na, na!!! Tu ne m'auras pas!!". Nous avec Mimi, on se dit: "Jamais il y en a un qui retombe dans la jupe qu'on prépare la poèle…" Cette lagune est  très poissonneuse. Quand nous allons au chantier naval, avec Kéké, pour cette sacrée hélice. Nous passons a des endroits ou il y à très peu de fond, et nous faisons partir des bancs entiers de poissons sous notre étrave. Il y en des centaines!

 

Finalement l'hélice n'arrive que le vendredi soir. 5 jours qu'on attend. 5 jours qu'on est bloqué.

Puis la nouvelle de Tony le mécano, il démonte tout le carburateur, il fait nettoyer le réservoir, notre essence est polluée. Et, une  bonne nouvelle n'étant jamais seule il m'apprend que le carburateur à une piece très importante (Le pointeau) qui est abîmée par cette essence, et qu'il faut le changer. Mais vu le temps qu'a mis l'hélice à arriver!!! Donc il faut que je continu à m'escrimer sur la ficelle, car il l'a réglé au mieux, et le carburant n'est pas régulé. Donc le moteur se noie.

 

Le meeting Aérien: 17 h, Tony est en train de s'occuper du Suzuki, vers K. nous entendons une sirène. Mireille d'informe qu'une vedette de la garde costière est près de nous. Le matin on nous a informé qu'un meeting aérien devait avoir lieu demain Samedi. Les "Frecci  Tricolori" viennent faire une exhibition au dessus de la lagune, et que tous les bateaux devaient dégager, laissant un rectangle bien précis, entre 4 points GPS, a l'intérieur duquel, nous ne devions  en aucun cas nous trouver. Mais c'est pour demain.

 

Je n'ai pas bien dû lire tout le papier, (en italien) que l'on nous a distribué, car tous les bateaux mouillés dans le bassin, se cassent. Et nous nous sommes là, au milieu, sans pouvoir aller à bord, le moteur de Kéké étant en Kit. Les gardes côtes klacksonnant comme des perdus pour nous réveiller… Ils doivent penser que nous faisons une longue sieste crapuleuse, et qu'on ne les entend pas…Tu parles!!!

 

J'active Tony pour que nous puissions  aller fissas dégager Kheops et le sortir de la zone interdite. Là, un grand déchirement envahie le ciel, ce sont les jets qui arrivent comme à la parade, font deux ou trois passages, dans des vrombissements assourdissants, puis s'en vont. Repérage des lieux sans doute. Le moteur est enfin remonté sur Kéké, je paye Tony pour ses bienfaits, tire sur la ficelle et nous fonçons vers l'embouchure de la rivière, au milieu des badauds.

 

On n'a pas fait 20 m, le moteur s'étouffe… Mi prend la pagaie pendant que mois je m'active sur la ficelle. Il  ne veut rien savoir le bougre!!! Retire le capot, démonte la bougie. Au loin les gardes cote nous attendent toujours sur leur Zodiac, tournant autour de kheops. Nettoie la bougie avec un Kleenex, je me brume les doigts, elle est brûlante. Me tombe des mains. Ouf pas à l'eau. Tu as compris que l'on fait tout ça sur un Kéké remuant.

 

Je remonte la bougie vite fait, tire de nouveau le lanceur… Et ça repart! Les gardes nous voient arriver, viennent vers nous. Ils nous stoppent. Après quelques explications, ils nous demandent de retourner à terre jusqu'à 20 h (Il est 18.30)!!! C'est dangereux de rester à bord. Bien sur on s'exécute.

 

Comme par miracle le bruit cesse, les jets disparaissent, le silence s'installe de nouveau. Nous voyons des bateaux passer au milieu du lagon. Kekon  fait? Nous attendons 19 h et en catimini, nous retournons à bord. Le moteur étant plus compréhensif. Fin du premier épisode.

 

Au matin vite un saut à terre, avant le déménagement. En ville c'est la grande effervescence, on place des barrières partout, les bateaux sont priés de quitter le grand quai. On démonte même certains lampadaires qui risqueraient de gêner les pilotes!!! Nous bouclons nos affaires, retournons vite à bord, pour sortir de la Zone interdite.

 

Toutes les vedettes des gardes côtes sont en alertes, elles tournent dans le bassin comme des abeilles autour de leurs ruches. Nous allons nous mouiller complètement au fond tout près du parc à moules. Il n'y à que 2 m de fond, mais pour nous ça suffit. D'ailleurs, nous ne sommes pas seuls 8 voiliers ont eut la même idée que nous. Les autres sont près de la sortie de la baie, sous le phare

 

Il est près de midi, une idée de Génie nous vient subitement, par hasard!!! Et si on allait s'acheter 4 moules chez le mytiliculteur voisin!!! (Ce n'est pas un gros mot! C'est ainsi qu'on appelle celui qui s'occupe des moules!!!). Kéké bondit, nous achetons 2 Kg de Cozzi chez le mouliste. Ils ont une belle installation, tout un tas de machines pour nettoyer leurs produits. En effet en plus des moules, il font des praires,  des palourdes, les fameuses "vongola" les fameuses  pastes à la vongola, c'est très réputés ici!!! Ils font même des huîtres, des grosses huîtres, très chères, ce n'est pas courant ici, les italiens ne connaissent pas trop.

 

Sitôt revenu à bord, nous trions, et nettoyons les plus grosses, un bon nombre. Puis avec un bon petit coup de blanc local, nous les dégustons crues, pendant que je fais ouvrir celles qui restent, pour se les faire "à la marinière". Voilà un bon programme de fête. Ça nous remet de tous nos déboires mécaniques.

 

Et ce "Métinge"!!!   Jamais tu racontes!!!

 

Pas un brin d'air, la chaleur est à son comble questo "pomeriggio" (Après midi). Le windscope dans le capot du carré, à du mal à capter le peu d'air qui circule. Dans le cockpit, c'est étouffant, le bimini bleu marine le transforme en four. Finalement c'est à l'intérieur qu'on est le mieux. La sieste bat son plein. Notre moules party, arrosée de blanc et rosé doit y être pour quelque chose!!! Il ne fait pas frais, mais c'est supportable.

 

16.30. Un gros avion de transport de la marine fait plusieurs passages en rase-mottes. Début des hostilités? On s'installe au pied du mat, à l'ombre, et on attend… Comme nous sommes très loin de la ville, tout ce qui se passe vers le port nous est caché. De temps à autre un avion à hélice fait des voltiges au dessus de la ville, on voit ça de très loin et tout petit.

 

17.30. Toujours rien. Des broutilles… Un peut avant 18.00. Les "Frecci Tricolori" surgissent dans un vrombissement assourdissant, venant du large. Les 3 couleurs italiennes dans leur sillage.  Les 10  jets nous font une démonstration époustouflante. 9 d'un côté, faisant des figures groupés, et un soliste qui bouche les trous dus au regroupement des 9 autres. Il fait des figures au raz de la ville, passe sur le dos, fait des vrilles au ras des flots, toujours avec son panache de fumé. Dès qu'il disparaît dans les nuages, les 9 autres arrivent. Ensemble, ou en 2 groupes.  Tout ce passe près de la ville, devant Ortigia.

 

Nous sommes quand même aux premières loges. Nous comprenons, pourquoi, il fallait dégager le bassin. Parfois ils rasent les flots à peine à quelques mètres.

 

Par 2 fois ils passent si prêt du mat que j'en tremble.  Les avions brillent sous le soleil brûlant. Ils sont bleus, striés  des 3 couleurs italiennes, c'est du plus bel effet. Leur show dure une ½ heure… 3 petits tours et puis s'en vont dans un grand nuage tricolore…

 

Voilà c'est fini! Le silence est retombé sur le lagon, nous restons silencieux. On est tout émoustillé. Je ne sais pas comment ça ce passe avec la "Patrouille de France" mais là, sur ce bassin, c'est très impressionnant.

 

J-2.  Nous sommes cul à quai, devant les grands "ficus binjaminas" Nous n'avions plus d'eau, il nous faut faire les vivres, laver le bateau, peaufiner les détails. Jean Jacques et sa compagne arrive dans 2 Jours.

 

Je suis très content de la longue marche arrière que j'ai pu effectuer, toujours très délicat. Reculer de loin entre 2 bateaux, mouiller l'ancre par 8 m de fond avec 70 m de chaînes ce n'est pas évident. Mimi à l'avant fait filer la chaîne à la bonne vitesse, afin de maintenir l'étrave dans l'axe.  Après, faire passer la première amarre dans l'anneau du quai. Bien sur, juste a ce moment là, personne n'est là pour nous les prendre. Mais tout c'est bien passé, sans précipitation, sans heurt. Un avantage, il y avait que très peu de vent.

 

Sitôt amarré, Mireille en profite, pour faire un autre raid à la laverie. Elle part à pied, tirant le caddie chargé à bloc. La laverie est à 500 m environ. Avec cette chaleur, ce n'est pas une sinécure. J'attends l'électricien qui doit arriver "addesso" (maintenant)

 

Maurizio, l'électricien qui était venu à bord l'an passé pour le démarreur du Perkins, est à bord. Cette fois ci c'est pour "Gégéne.". Il décharge à fond sa batterie au lieu de la charger. Et pour moi c'est un grand mystère. Donc j'ai recours à un spécialiste, un vrai, pour avoir ses lumières. Il vient en 2 fois. Le matin il a observé, embarqué une des 2 batteries, et revient

à 18 h.

 

Nous avons invités nos voisins de quai à l'apéro,  "Denem" Danièle et Emile,  des copains  de Monastir,  des copains de barbecue, car ils sont sur une autre panne. Ils arrivent de Grèce, et retournent déjà au pays. Ça nous donne l'occasion de resserrer nos relations.

 

Mais il faut qu'ils attendent un peu, que Maurizio ait fini. Il ausculte le boîtier électronique, comme un médecin un malade. Démonte tout, vérifie toute les connections, mesure, sonde…

Ça dure une heure. Euréka!!!  2 fils, un pour une sonde, l'autre pour la fameuse électrovanne sont en court-circuit. Et voilà Monsieur "Pourquoi votre fille est muette" Bon bois un bon pastaga, Maurizio tu l'as bien mérité. Je changerais les câbles électrique "domani"

 

Il est 20 h, passons à l'apéro avec nos voisins. Il fait très soif, la journée à été particulièrement caniculaire, surtout à quai, il n'y à pas d'air. Au mouillage, on bénéficie toujours d'un peu de brise, mais là, avec les immeubles derrière!!! Le windscope, (Manche à air envoyant de l’air forcé dans le bateau) reste flanelle! Heureusement, que  nous avons le 220 v, et le ventilateur. La température intérieure dépasse 40° ça devient intenable. La sieste se fait dans notre cabine, plus aérée.  Nous buvons des litres d'eau qui n'arrivent pas à étancher notre soif.

 

Aussi, à  l'heure de l'apéro, le soleil, est très bas sur notre étrave, et, dans le cockpit on bénéficie enfin d'une fraîcheur relative! Toute relative.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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